Dans une étude publiée dans Science, des chercheurs du Karolinska Institutet décrivent les processus neuronaux à l'origine du soulagement de la douleur par la morphine. Il s'agit d'une connaissance précieuse, car ce médicament a des effets secondaires très graves.

Date: 29/08/2024

La morphine est un puissant analgésique qui appartient au groupe des opioïdes. Elle bloque les signaux dans les voies de la douleur et augmente également les sensations de plaisir.
La morphine agit sur plusieurs voies centrales et périphériques de la douleur dans l'organisme, mais les processus neuronaux à l'origine du soulagement de la douleur n'ont pas été entièrement compris jusqu'à présent.

Les chercheurs ont maintenant étudié la façon dont la morphine soulage la douleur en utilisant plusieurs nouvelles approches expérimentales. Ils ont exposé des animaux de laboratoire à la morphine et ont ensuite réussi à « capturer » les neurones activés par la morphine chez les animaux. Cela a permis aux chercheurs d'identifier, de classer et de contrôler synthétiquement les neurones des voies neuronales impliquées dans le soulagement de la douleur.

La morphine active un « ensemble morphine ».

Les chercheurs ont découvert que la morphine affecte un ensemble de neurones sélectionnés dans le cerveau, dans la partie appelée rostrale de la moelle ventromédiale (RVM). Ensemble, ces neurones forment une sorte d'« ensemble morphinique ». Il s'agit d'un groupe de neurones dont le changement d'activité entraîne un soulagement de la douleur.

Lorsque les chercheurs ont inactivé synthétiquement les neurones de ce groupe, ils ont complètement supprimé les effets de la morphine sur la douleur. Lorsqu'ils ont réactivé les neurones, ils ont pu recréer de la même manière le soulagement de la douleur.

Il s'est avéré qu'un type particulier de neurones reliés à la moelle épinière jouait un rôle central dans l'« ensemble morphine ». Dans la moelle épinière, ces neurones sont connectés à des neurones dits inhibiteurs qui ralentissent la signalisation de la douleur dans la moelle épinière et préviennent ainsi la douleur.

Un médicament potentiellement dangereux

Lorsqu'elle est utilisée comme médicament dans les soins de santé, la morphine a des effets secondaires potentiellement très graves en termes de dépendance, d'abus, d'overdose et de décès.

« Il a été difficile de trouver des stratégies pour traiter la douleur sans déclencher ces effets secondaires dangereux », explique Patrik Ernfors, professeur au département de biochimie médicale et de biophysique du Karolinska Institutet et responsable de l'étude.

Lui et ses collègues espèrent maintenant qu'une connaissance plus approfondie du fonctionnement de la morphine dans l'organisme permettra de réduire les effets secondaires à l'avenir.

« L'étude est importante car la connaissance de la voie neuronale et des cellules peut expliquer comment la morphine peut avoir un effet antidouleur aussi puissant. Elle peut également fournir des informations sur la manière dont ces processus diffèrent de ceux qui induisent la sensation d'euphorie, de bien-être et de dépendance », explique Patrik Ernfors.

Dans une prochaine étape, les chercheurs souhaitent aller plus loin et étudier les raisons pour lesquelles le soulagement de la douleur diminue de plus en plus avec l'utilisation à long terme de la morphine.

L'étude a été financée par le Conseil suédois de la recherche, le Conseil européen de la recherche et la Fondation Knut et Alice Wallenberg.


Texte original : Karolinska Institutet

Article scientifique : Michael P. Fatt, Ming-Dong Zhang, Jussi Kupari, Müge Altınkök, Yunting Yang, Yizhou Hu, Per Svenningsson, Patrik Ernfors. Morphine-responsive neurons that regulate mechanical antinociceptionScience, 2024; 385 (6712) DOI: 10.1126/science.ado6593

Illustration générée par IA