Selon une étude inédite, les adultes ayant des antécédents de lombalgie ont passé près de deux fois plus de temps sans récidive s’ils marchaient régulièrement. Les nouvelles recherches menées par le groupe de recherche sur la douleur vertébrale de l’université Macquarie pourraient changer la façon dont la lombalgie est prise en charge, en rendant des interventions efficaces accessibles à un plus grand nombre de personnes que jamais auparavant.

Date: 20/06/2024

Environ quatre millions d’Australiens – et 800 millions de personnes dans le monde – souffrent de lombalgies, qui sont l’une des principales causes d’invalidité et de réduction de la qualité de vie. Les récidives de lombalgie sont très fréquentes : sept personnes sur dix qui se remettent d’un épisode de lombalgie récidivent dans l’année qui suit.
Le professeur de physiothérapie Mark Hancock et son équipe de recherche ont étudié les moyens de passer du traitement à la prévention pour améliorer la gestion des douleurs dorsales, une approche qui permet aux individus de gérer leur propre santé et de réduire les coûts pour la société et le système de santé.

Loin du repos au lit recommandé dans le passé pour les douleurs dorsales, les meilleures pratiques actuelles incluent la combinaison de l’exercice et de l’éducation, à la fois pour traiter la douleur actuelle et pour prévenir les épisodes futurs. Bien que bénéfiques, certaines formes d’exercice ne sont pas accessibles ou abordables pour de nombreuses personnes en raison de leur coût élevé, de leur complexité et de la nécessité d’une supervision.

Une méthode plus simple et plus accessible

L’essai WalkBack, une première mondiale, a examiné si un programme de marche associé à une formation pouvait être efficace pour prévenir les récidives de lombalgie.

L’étude a suivi 701 adultes qui s’étaient récemment remis d’un épisode de lombalgie. Les participants ont été répartis de manière aléatoire entre un programme de marche individualisé animé par un physiothérapeute et six séances d’éducation sur une période de six mois, et un groupe témoin ne bénéficiant d’aucune intervention.

La marche est un exercice peu coûteux, largement accessible et simple que presque tout le monde peut pratiquer, indépendamment de l’âge, de la situation géographique ou du statut socio-économique.
Les progrès des participants ont ensuite été suivis pendant un à trois ans afin de recueillir des informations sur les éventuelles récidives de lombalgie.

L’objectif principal des chercheurs était de comparer les deux groupes en ce qui concerne le nombre de jours avant que les participants ne souffrent d’une récurrence de la lombalgie ayant un impact sur les activités quotidiennes ou nécessitant les soins d’un professionnel de la santé.

Ils ont également évalué le rapport coût-efficacité de l’intervention, y compris les coûts liés à l’absentéisme au travail et aux services de santé.

Les résultats ont été publiés dans la dernière édition de la prestigieuse revue médicale internationale The Lancet.

Des périodes sans douleur plus longues

L’auteur principal de l’article, le professeur Hancock, affirme que leur découverte pourrait avoir un impact profond sur la manière dont les lombalgies sont prises en charge.

« Le groupe d’intervention présentait moins de douleurs limitant les activités que le groupe de contrôle, et la période moyenne avant la récurrence était plus longue, avec une médiane de 208 jours contre 112 jours », explique le professeur Hancock.

Nous ne savons pas exactement pourquoi la marche est si efficace pour prévenir les douleurs dorsales, mais il est probable qu’elle associe des mouvements oscillatoires doux, la mise en charge et le renforcement des structures et des muscles de la colonne vertébrale, la relaxation et le soulagement du stress, ainsi que la libération d’endorphines « bienfaisantes ».

 » Bien entendu, nous savons également que la marche présente de nombreux autres avantages pour la santé, notamment la santé cardiovasculaire, l’amélioration de la densité osseuse, le maintien d’un poids santé et l’amélioration de la santé mentale. »

Le professeur Hancock a indiqué que la quantité de marche effectuée par chaque personne était individualisée en fonction d’une série de facteurs tels que l’âge, la capacité physique, les préférences et le temps disponible. Les participants ont reçu un guide approximatif leur permettant d’atteindre 30 minutes, cinq fois par semaine, sur une période de six mois. Au bout de trois mois, le professeur Hancock a déclaré que la plupart des participants marchaient trois à cinq jours par semaine, pour une moyenne de 130 minutes au total.

« Il n’est pas nécessaire de marcher cinq ou dix kilomètres par jour pour bénéficier de ces avantages », précise le professeur Hancock.

Une option rentable

L’auteur principal de l’article, le Dr Natasha Pocovi, titulaire d’une bourse de recherche postdoctorale, explique qu’en plus d’offrir aux participants des périodes plus longues sans douleur, le programme s’est avéré rentable.

« Il a non seulement amélioré la qualité de vie des participants, mais il a également réduit de moitié environ leur besoin de recourir à des soins de santé et leur temps d’arrêt de travail », explique le Dr Pocovi.

« Les interventions basées sur l’exercice pour prévenir le mal de dos qui ont été étudiées précédemment sont généralement pratiquées en groupe et nécessitent une supervision clinique étroite et un équipement coûteux, ce qui les rend beaucoup moins accessibles à la majorité des patients. Notre étude a montré que ce moyen d’exercice efficace et accessible peut être mis en œuvre avec succès à une plus grande échelle que d’autres formes d’exercice.»

Sur la base de ces résultats, l’équipe espère maintenant étudier comment intégrer une approche préventive dans les soins de routine des patients souffrant de lombalgies récurrentes.


Texte original : Macquary University

Article scientifique : Natasha C Pocovi, Chung-Wei Christine Lin, Simon D French, Petra L Graham, Johanna M van Dongen, Jane Latimer, Dafna Merom, Anne Tiedemann, Christopher G Maher, Ornella Clavisi, Shuk Yin Kate Tong, Mark J Hancock. Effectiveness and cost-effectiveness of an individualised, progressive walking and education intervention for the prevention of low back pain recurrence in Australia (WalkBack): a randomised controlled trialThe Lancet, 2024; DOI: 10.1016/S0140-6736(24)00755-4

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